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Architecture du XXIe siècle dans le Chablais: le faux débat sur le paysage

Avec les récentes votations concernant la LAT et la Lex Weber, le paysage et sa préservation ont fait l’objet de multiples débats. Dans le Chablais, qui connaît un développement immobilier plutôt important, certains s’interrogent sur cette évolution urbaine et architecturale bouleversant logiquement le cadre régional. Cela dit, ce débat sur le rapport au paysage n’est-il pas qu’une question assurément subjective masquant les réels enjeux préoccupant les architectes et urbanistes contemporains? Retour sur une autre approche composé d’un discours cherchant à dépasser le romantisme qui caractérise le sens commun.

 

 

Qu’est-ce que l’architecture du XXIe siècle?

L’architecture du XXIe siècle n’existe pas, à vrai dire, il y a DES architectures du XXIe siècle. Car bien que l’architecture obéisse à des règles fondamentales, l’esthétisme demeure toujours une question subjective et il existe plusieurs manières d’aborder l’architecture contemporaine. Cela dit, il est néanmoins possible de dessiner les tendances générales déterminant cette dernière. Ainsi un jeune Chablaisien étudiant l’architecture à l’EPFL, qui a préféré garder l’anonymat, nous affirme que – généralement – les réalisations actuelles «se caractérisent par des constructions toutes prêtes, des façades crépies avec 30 cm d’isolation, et par des implantations et des typologies qui ont fait leurs preuves depuis cent ans». Ce genre de vision, toujours d’après notre futur spécialiste en la matière, plairait à 90 % de la population, alors qu’une architecture fondée sur la «matérialisation d’une idée» serait très minoritaire. Cette homogénéité, du reste, serait, en tout cas dans le canton de Vaud, le résultat d’une trop forte réglementation provenant des autorités – communales ou cantonales – ainsi que d’autres organisations reconnues.

 

L’architecture contemporaine est également très branchée «développement durable», d’où l’émergence du label Minergie permettant l’obtention de subventions publiques si la construction respecte les standards définis. Ce serait d’ailleurs cette course à la labélisation, en plus des réglementations, qui donnerait au Chablais ce visage urbain parfois si uniforme selon notre futur architecte diplômé. D’autant plus qu’on peut se poser la question si une villa labélisée «Minergie», mais excentrée, représente vraiment un pas vers plus de développement durable.

 

«Paysage ou environnement?»

En s’interrogeant sur la notion de paysage, au sein du sens commun, on y projette le plus souvent une vision idyllique de nature intacte ou d’harmonie entre la nature et le bâti. C’est l’avis de Vincent Banderet (Les Verts/Chablais) qui rappelle qu’en Suisse pourtant, au-dessous de la limite supérieure des forêts, l’environnement est la plupart du temps construit ou du moins modifié par l’homme pour ses activités. Dans le Chablais, l’environnement est agricole, industriel, urbain, péri-urbain, viticole, forestier ou encore alpin. On ne peut donc pas parler d’un paysage chablaisien, qui est en fait un mix de composants dans lesquels s’inscrirait la planification urbaine et s’implanterait le bâti et l’architecture. La question d’un éventuel impact de la construction contemporaine sur le soi-disant paysage de la région n’est donc pas pertinente, l’esthétique étant un concept relatif. Ce qui compte, toujours selon Vincent Banderet, c’est avant tout la relation qu’entretient le construit avec son environnement immédiat en termes de situation, d’orientation, de fonction, de gabarit et typologie, de volumétries et de traitement de façades tout en répondant à un programme d’utilisation et à un plan financier. C’est à cela qu’on juge un projet architectural intéressant ou non.

 

Moins de polarisation, plus de densification: les vrais enjeux

Le débat sur l’urbanisme et l’architecture semble donc prendre une autre direction que celle de savoir si c’est joli ou non. Il semble que la critique doive se diriger vers la tendance à la polarisation, comme le déplore notre étudiant en architecture, qui se caractérise par une forte segmentation des zones (commerciales, résidentielles, industrielles, etc.) sans qu’elles soient réellement et convenablement reliées entre elles. Pour Vincent Banderet, il faut vraiment dépasser le débat sur l’esthétisme et surtout proposer une réflexion urbanistique plus globale et culturelle. Il pense dès lors que la densification et la surélévation vont devenir inévitables, ajoutant ainsi un challenge supplémentaire aux architectes devant composer avec de nombreux paramètres et ce tout en continuant d’intégrer une réflexion esthétique qui leur est propre. Autant dire que ce n’est pas chose aisée.

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R. Fucile

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