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Pollution sonore: les Suisses dérangés par le bruit

Entre les transports routiers, ferroviaires et aériens, les travaux et les nuisances dues au voisinage, la Suisse ne figure plus parmi les pays tranquilles où il fait bon vivre et s’y reposer. Le bruit, toujours plus fort et envahissant, cause des dégâts importants auprès de la population. Mais qui sont les plus touchés par ce phénomène et quel avenir concernant ce problème national?

 

Pour éviter et limiter la pollution sonore, la législation sur la protection contre le bruit prévoit des valeurs limites d’immixtion et ce pour différents types de bruits. Quatre degrés de sensibilité sont donc prévus, allant du degré No 1 pour les lieux de détente, en passant par le 2 pour les habitations, le 3 pour les habitations et artisanats, et le 4 pour les industries. Ainsi, pour une zone d’habitation (niveau 2), par exemple, le niveau de décibels – dB(A) – occasionné par le trafic routier ou ferroviaire ne devrait pas dépasser les 60 dB(A) le jour et les 50 dB(A) la nuit, et le niveau 3 devrait atteindre au grand maximum les 65 dB(A) le jour et 55 dB(A) la nuit. Cependant, ces niveaux sont régulièrement dépassés.

 

Les voitures, les trains et les avions

D’après une statistique créée par SonBase, base de données SIG pour le monitoring du bruit en 2009 et publiée sur le site de l’OFEV (Office fédéral de l’environnement), la circulation routière est la principale source de bruit en Suisse, affectant quelque 1,2 million de personnes (16% de la population) durant la journée et 700 000 (10% de la population) la nuit. Ces personnes vivent donc majoritairement dans des zones de degré 2, et où les dB(A) dépassent les normes autorisées. Vient ensuite le trafic ferroviaire qui touche 70 000 personnes le jour et 140 000 la nuit, suivi finalement des avions, gênant 65 000 personnes le jour et 95 000 la nuit (chiffres établis sur les aéroports de Zurich et de Genève et sur les agglomérations alentours).

 

Il n’y a que très peu de régions où les trois principaux types de bruits se cumulent. C’est toutefois le cas pour les zones situées autour des aéroports de Zurich-Kloten et de Genève-Cointrin, ainsi qu’à Belp, Granges, Birrfeld, Sion et Payerne. On rencontre en revanche beaucoup plus fréquemment des expositions doubles, où se combinent les émissions sonores de voies ferrées et de routes dont les tracés sont parallèles.

 

Les nuisances de voisinage

Un autre problème existant et celui des nuisances de voisinage. Bien souvent les auteurs de ces nuisances ne sont pas conscients du tort qu’ils causent au voisinage. Il est donc important de bien communiquer entre voisins. La Police aiglonne a d’ailleurs, en 2010 et en 2012, lancé deux campagnes de sensibilisation contre les nuisances sonores par le biais d’affiches et également de campagnes auprès des écoles. Car, finalement, ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui feront de notre pays l’endroit tranquille de demain. Sur ces affiches, la Police a mis en avant les différents types de bruits les plus récurrents: aboiements, cris et injures, coups de klaxon, claquement de portes, haut-parleurs, chantiers, volume de la musique, etc. Elle ne faisait pas allusion qu’aux bruits nocturnes mais également aux nuisances sonores de jour, car, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, de 7 à 22 heures il n’est pas nécessairement autorisé de faire du bruit. Les zones les plus sensibles et dont la Police reçoit le plus de plaintes se trouvent toutefois aux abords des restaurants, bars et autres lieux de fêtes, notamment durant la fermeture de ces établissements publics. Le bruit y est toujours fréquent et les fêtards ne s’en rendent pas toujours compte. C’est pourquoi il existe, notamment sur Genève, des chuchoteurs qui peuvent être engagés pour demander aux personnes se trouvant dans les rues la nuit, principalement auprès d’établissements publics, de faire moins de bruit.

 

Les effets du bruit

Tout comme les trains, les avions dérangent avant tout la nuit, perturbant ainsi le sommeil de milliers de personnes. Le bruit au quotidien d’une route ou d’une voie de chemin de fer n’endommage pas l’ouïe, car les lésions auditives durables ne se produisent qu’à partir du niveau sonore supérieur à 80 dB(A). Mais le bruit a des répercussions sur la santé, même si l’ouïe n’est pas affectée et ce principalement durant les heures de repos. En effet, le sommeil ne sert pas uniquement à se reposer, mais il laisse au cerveau la liberté d’analyser les informations apprises durant la journée afin de consolider les éléments les plus importants. Le sommeil paradoxal facilite la consolidation des nouveaux apprentissages, aide à la résolution de problèmes et favorise la mémorisation. Un sommeil agité à cause du bruit, par exemple, empêcherait le cerveau de travailler ainsi et cela pourrait entraîner de nombreuses répercutions, à commencer par des pertes de mémoire, des troubles de la concentration, mais aussi des réactions comme l’énervement ou le malaise. Le manque de sommeil peut également aboutir à des effets physiologiques tels qu’une augmentation de la pression sanguine ou de la fréquence cardiaque, à des troubles du métabolisme ou à des réactions de stress. Les études indiquent aussi que les charges sonores chroniques augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, allant jusqu’à l’infarctus.

 

Quelle classe sociale est la plus touchée?

Divers indices attestent en effet que, à proximité d’installations industrielles et d’infrastructures de transports bruyantes, y habitent majoritairement des personnes seules, des retraités, des étrangers et des personnes vivant au seuil de la pauvreté. Ces habitations, ayant un coût réduit en conséquence de ces inconvénients sonores, sont donc avant tout réservées à ce type de classe sociale. La possibilité de fuir le bruit reste alors réservée aux groupes sociaux financièrement à l’aise. En conséquence, la pollution sonore est devenue un problème de nature sociale. Elle est produite par tous, mais elle doit être supportée essentiellement par les plus défavorisés sur le plan économique.

 

Les coûts qu’engendre le bruit

Souvent sous-estimés, les coûts qu’engendre la pollution sonore sont tout de même importants. Des calculs ont démontré que les coûts issus du bruit du trafic terrestre s’élevaient pour 2005 à 1174 millions de francs. La circulation routière en représente 94% contre seulement 6% pour le trafic ferroviaire; ce dernier comprenant majoritairement le transport de personnes. Entre les coûts de la santé et les pertes de revenu locatif, car, en effet, les loyers ont tendance à être plus bas dans les zones exposées au bruit, il n’est pas difficile de s’imaginer les pertes financières du pays dues à cette pollution sonore toujours plus envahissante. De nombreux terrains ou bâtiments perdent de leur valeur et peuvent même faire l’objet de restrictions d’affectation.

 

Des prévisions peu rassurantes

La circulation routière ne cesse de s’intensifier, surtout dans le centre des agglomérations suisses. Les causes principales sont l’augmentation du trafic nocturne lié aux loisirs, les deux-roues motorisés, les voitures de livraison et le trafic pendulaire tôt le matin et en fin de journée. Sans compter que, ces dernières années, nombreux étaient ceux à tomber dans cette mode «superflue» de vouloir à tout prix faire de plus en plus de bruit avec leur véhicule en changeant le pot d’échappement par exemple, cas notamment avéré auprès des motards; les Etats-Unis avaient même détourné une insulte pour les résumer et il n’avaient semble-t-il pas tout tort, puisque, aujourd’hui, ils représentent une source de bruit totalement inutile et dérangeante.

 

Une grande partie des mesures de protection contre le bruit a jusque-là été réalisée le long des autoroutes et des grands axes de communication, mais très peu d’attention a été prêtée aux zones intra-urbaines, et ce par manque de place. Pourtant, la majorité des personnes affectées par le bruit vit dans ces zones.

 

Le volume du trafic étant en constante évolution, il est à craindre qu’une partie de la population encore épargnée subisse, dans quelques années, des émissions sonores nuisibles. L’accroissement sournois de la pollution sonore envahira des régions auparavant tranquilles, en particulier les zones de détente et de nature dans les espaces ruraux non habités.

 

Il est donc plus que nécessaire de prendre des mesures radicales concernant la limitation du bruit à la source, c’est-à-dire sur les véhicules eux-mêmes ou sur les infrastructures. Malheureusement, de telles mesures sont encore trop souvent écartées pour des raisons économiques ou d’entretien. Une excuse comme une autre lorsqu’on sait que les coûts engendrés pour la santé à cause de la pollution sonore dépasseront largement ceux non employés pour régler le problème. La solution? Elle en revient aux habitants, de fuir un maximum les zones où la circulation est dense, où les trains passent, ou même les rues emplies de bars, restaurants et boîtes de nuit.

 

Afin de porter son soutien à cette cause, le 30 avril prochain se déroulera la journée internationale contre le bruit et cette année met en avant le bruit routier. A cette date, une nouvelle statistique sera dévoilée au public, nous ne manquerons pas de vous en tenir informé et de comparer les nouveaux chiffres à ceux indiqués dans cet article.

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Article écrit par

Zoé Gallarotti

Zoé Gallarotti

Rédactrice en chef

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