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Séance publique pour les Bellerins, la parole leur est donnée

Une séance publique a eu lieu le 30 octobre courant à la Grande Salle de Bex. Celle-ci concernait une information sur les actions entreprises ou restant à mettre sur pied afin de lutter contre les dealers de rues. Etaient présentes, outre une bonne représentation de la population, environ 450 personnes, le commandant de la Police du Chablais vaudois et ses collaborateurs, la Police cantonale ainsi que la Municipalité en place.

 

Grande Salle
Grande Salle

 

Le deal amène à la consommation, la consommation amène au deal, un cercle vicieux…

Prévention ou éradication?De gauche à droite ou de droite à gauche, c’est un vrai casse-tête chinois qui est abordé. Les solutions restent évasives. Il ne sert à rien de se voiler la face, la drogue est là et bien là. Alors que faire? A Bex, commune du Pays vaudois, le dialogue reste ouvert. Quelques idées ont été émises, dont: trouver une rue où le commerce de produits psychotropes serait autorisé; organiser des balades de groupes de personnes dans le but de déranger les dealers; renforcer l’effectif policier et les contrôles, ou, encore, mettre en place une milice civile. La situation reste complexe, car, quoi qu’on entreprenne, la fourmilière de vendeurs de mort, ainsi dérangée, muterait en un autre endroit. Il paraît qu’ailleurs est plus clément que chez nous, détrompez-vous, que ce soit ici à Bex ou dans d’autres villes, le fléau est installé fermement. Etablir un plan de lutte contre la drogue n’est pas de tout repos. Pourquoi pas des thérapeutes de rues qui les arpenteraient dans le but d’aller à la rencontre de jeunes ou moins jeunes désorientés, en mal de vivre, offrant un accompagnement, une écoute et un soutien, sans jugement aucun. Ou alors, une formation approfondie à une prophylaxie ciblée sur les drogues dispensée aux professeurs en charge d’enfants avec création de jeux de rôles, permettrait d’entrer au cœur du problème et d’en ressentir les risques mortels? Si l’on ne peut pas empêcher la vente de drogue, chimériquement rêver à dégoûter nos ados à en consommer.

 

Du côté de la population.

C’est dans un monde parallèle qu’il faut marcher, en catimini, car celui-ci regorge de dangerosité. Au dédale des rues de Bex, à l’affût, les dealers traquent, repèrent et abordent les personnes toxicomanes. On dirait qu’ils arrivent à sentir la faiblesse, la détresse de ceux-ci. De loin, on est témoin de manipulation d’argent, d’échange de petits sachets suspects. De l’avis de la population, on n’ose pas s’interposer, on a peur. Même si un climat de révolte s’est installé, on ne sait que faire. Les espoirs se fondent dans l’attente de l’intervention de nos forces de l’ordre. Un vrai ras-le-bol s’installe un peu partout, car, ici ou ailleurs, c’est le même scénario. On vend, on achète, on consomme. Affronter les dealers de front reste une dangereuse initiative, une montée de violence ingérable peut se créer. Cohabiter est presque impensable, en tant que parents se déclenche inévitablement une peur pour la sûreté de nos enfants. Il n’y a pas de problème sans solution mais voilà, où se trouve-t-elle?

 

Que pensent les gardiens de notre tranquillité?

Pas facile de glaner des informations auprès des policiers. A noter que, du côté des politiques, c’est blanc bonnet, bonnet blanc. Le sujet reste brûlant. Pourtant, un colossal travail a été entrepris, digne d’être relaté. On comprend que la tendance serait plus pour une action ferme mais pacifique visant à extrapoler une diminution du nombre de ces tristes sires vendeurs de drogues dures. On repère, on tolère, on arrête, on incarcère. Au courant du mois de septembre de cette année, environ 120 personnes ont été alpaguées pour des contrôles, dont 17 en situation irrégulière, 15 qui étaient déjà dans le collimateur de nos forces de l’ordre, et, enfin, 4 qui ont été privées de leur liberté. La chasse continue notamment pour divers individus qui ont été dénoncés. On peut aussi saluer la confiscation de 60 grammes de chanvre. On s’entend dire que tout le monde a le droit de manger, faut pas pousser la blague trop loin, car, si l’on considère le deal comme un commerce ambitionnant d’apporter subsistance pour certains vivant dans notre pays, on doit garder à l’esprit qu’il entraîne la mort pour d’autres, consommateurs dépassés, ne gérant plus rien. Il y a comme un déséquilibre là, d’un côté, une puissance engendrée par une demande toxicomaniaque d’espérée grandissante, et, de l’autre, une déchéance par abandon de toute volonté déclenchée par un trop-plein de souffrances, de problèmes, de mal de vivre, enflant le porte-monnaie des exploitants du malheur. Quel constat peut-on faire? Malgré tous les efforts fournis par la police, la tâche reste gigantesque. La demande génère la vente, cercle vicieux de ce commerce. Ne plus voir exister des dealers dans nos rues est utopique. Il ne faut pas se leurrer. C’est un peu comme dire qu’il ne faut plus fabriquer des choux à la crème pour préserver les diabétiques. En plus, peut-on leur reprocher d’aimer le sucre? Non, bien sûr, ce sont des malades, tout comme les dépendants. Il faut cependant dissocier toxicomanie active grave et consommation occasionnelle. La dépendance prend forme non par apport à une certaine quantité de produit ingéré, mais par apport au rapport qu’on entretient avec lui. Si l’on ne peut plus fonctionner à jeun, que tout devient difficile sans, une aide appropriée ne serait pas superflue. En revanche, pour quelques privilégiés, consommer occasionnellement des drogues dites douces ne provoque pas d’accoutumance dangereuse, du moins pas plus dangereuse que la consommation d’alcool contrôlée, qui, elle, est totalementlégale. C’est un mode de vie fun et social. Concluant en disant qu’un jour à la fois, c’est possible. Encore plus si nos forces s’unissent car ensemble, on peut déplacer des montagnes.

 

Témoigner afin de se sauver de soi-même.

Il parait que de partager ses joies les intensifient un maximum tout comme, de confier ses peines les diminuent de moitié. Un témoignage amène à s’abandonner aux autres, à leur dire, à exorciser ce qui en nous, nous brûle, nous détruit, nous consume. Ce n’est pas une démarche facile mais au bout du compte, cela amène une certaine paix, une façon de s’aider et d’aider les autres. En partageant, son vécu, on affirme une volonté d’être, un désir profond de s’en sortir. De plus, on dit que dans l’adversité, on n’est pas seul. Les pistes se dessinent pour ceux qui s’identifient, effet miroir salvateur pour autrui. C’est avec émotion qu’on écoute Yoann se confier, avec lucidité, là où il en est, ici et maintenant …

 

Perdu dans la tourmente, Yoann se raconte !

Comment être sans elle ? Comment se supporter ? Comment ne plus penser à ce qui ne devait pas exister ? Toutes ces questions ont amené Yoann (Prénom d’emprunt) à rechercher l’oubli en consommant le produit de l’absence. Quelques secondes de bonheur qui réclame très vite de recommencer. Stupéfiant que de penser que cet ami, menteur expérimenté, se montrant bienfaisant dès le début de cette malsaine rencontre, devient vite l’ennemi public numéro un, destructeur insensible prenant possession de toute volonté. Mais voilà, le mal est fait, il est installé solidement dans la vie du consommateur. C’est avec gentillesse ainsi qu’une émouvante simplicité doublée d’un courage impressionnant, que Yoann raconte son enfer. Il en arrive à ne plus rien espérer. Tout projet d’avenir devient obsolète. Même la mort n’a plus l’importance qu’elle représente, épée de Damoclès, elle fait partie de son quotidien. Il se bat contre lui-même, contre ses démons. Il n’est pas fortuné, loin de là, très vite il doit trouver du fric. C’est alors que de consommateur, il passe à revendeur. Comment faire autrement ? Le manque, agrémenté du désir de ne plus ressentir cette souffrance omniprésente, d’oublier le pourquoi qui a engendré cette dépendance, l’obsède au point qu’il est prêt à prendre tous les risques. Yoann se convint qu’il a changé, qu’il est devenu une personne manipulatrice, menteuse, irrécupérable, associable, marginal dérangeant les bien-pensants de la communauté. A un certain moment de sa vie, côtoyant les abîmes de toute fin, ne gérant plus rien, il a l’audacieuse intelligence de demander de l’aide. Difficile décision qui convient d’une certaine faiblesse, d’un abandon total de soi aux mains de personnes inconnues et pourtant, admirable démarche qui sauve, qui répare, qui soulage. Depuis quelques années, il vit en centre de traitement. Un jour à la fois, il tente de se rétablir, de refaire surface. Rien n’est facile, la toxicomanie est une maladie mortelle, tenace et irréversible. Il comprend qu’il en sera atteint toute son existence. Si on ne peut en faire façon, on peut malgré tout faire avec, la contrer en ne lui offrant plus aucunes braises qui réactiveraient le feu de la mort. Il y a une chose que Yoann espère, c’est que les junkies, comme lui, soient écouter, compris et non plus vus comme des pestiférés, comme des rebus de la société, jugés et condamnés. Est-ce une vision illusoire que de vouloir un monde plus tolérant, plus aidant ?

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P. Nicod

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