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Le patois, une langue oubliée ou presque – Avril 2016

Le patois vaudois est la langue indigène du canton de Vaud. Celle que l’on parlait bien avant le français! Il s’est constitué à la suite de la colonisation de notre pays de Vaud par les Celtes, les Latins, les Bernois. Retour sur un pan de l’histoire oublié par beaucoup.


Le franco-provençal, langue du Haut Moyen Age, était parlé dans le canton de Vaud jusqu’en 1806, année de son interdiction. L’usage du patois fut donc interdit dans les écoles vaudoises par l’Arrêté du Petit Conseil du canton de Vaud – 26 octobre 1806. La justification de cette interdiction venait du fait que les instituteurs ne comprenaient pas cette langue utilisée par les élèves. Si ces derniers contrevenaient à cette directive, les punitions infligées étaient sévères. Beaucoup venaient d’un milieu rural où ce parler était utilisé. Actuellement, rares sont les personnes qui savent encore le parler. Elles s’appliquent à l’écrire, à le chanter, et puis surtout… à le bavarder entre amis! Avec le temps, des associations se sont constituées, afin que le parler de nos ancêtres ne disparaisse complètement et perpétue une langue qui a été parlée. En voici deux: l’Association vaudoise des Amis du patois: président Pierre Devaud, et l’Amicale des patoisants de Savigny-Forel et environs: président, M. Bernard Martin. Le Sansounet  se réunit tous les vendredis à Forel pour chanter en patois. Des cours sont organisés, et des publications rédigées, dont le Conteur. D’autres revues publient régulièrement des contes en patois, comme le «Messager boiteux» ou le «Coterd». A noter qu’avec le patois vaudois, genevois, neuchâtelois, on peut retrouver souvent les même mots, avec le même sens, dans nos patois respectifs.


Lorsque le franco-provençal était en vigueur, cette langue était un ensemble des moyens d’expression parlée propre à une communauté. Puis il devient écrit et élitaire. Déjà à l’époque savoyarde de l’histoire du Pays de Vaud, le français devint prestigieux parmi les nobles et les lettrés (Othon de Grandson 1340-1397). Le texte en patois le plus ancien trouvé date de 1719, rédigé par Abraham Dutoit, châtelain de Chavannes-sur-Moudon. Une cloche, à Moudon, où l’on peut lire une inscription à demi en patois et à demi en vieux français, date de 1441.


Le patois, on l’appelait «roman» à l’époque, et restait la langue parlée. A la suite de la réforme imposée par l’occupant bernois (1536), le processus s’accéléra parce que la langue d’église et de cour qui était jusqu’alors le latin fut remplacée par le français. Vu les nombreux réfugiés du sud de la France, vraisemblablement occitans (langue d’Oc) ont eu besoin du français pour se faire comprendre. La Révolution Vaudoise qui libéra le Pays de Vaud de la domination bernoise se fit avec l’aide de la France, et c’est pour cela que le prestige de la langue française en fut encore augmenté. Il faut bien comprendre que non seulement les patois ne sont pas du français déformé, mais que le français n’est qu’un patois qui a réussi.


Ce qui suit, sont deux fables de Jean de La Fontaine, des plus connues, et apprises dans nos écoles, légèrement remaniées tant par des internautes que par l’auteur de l’article et avec des termes tirés du patois vaudois.


L’ ami corbeau et l’ami renard
L’ami Corbeau, sur un arbre ganguillé tenait à plein bec une tomme. C’t ami Renard, le tarin chatouillé lui tint ce discours à la gomme :
– Hé ! salut c’t ami Corbeau, t’es rude joli, t’es même fin beau ! Crénon (non) de sort, si ta batoille (parler) vaut ce plumage qui pendoille (tombe), t’es le tofin (Phénix) des forêts du Jorat.
A ces mots, le Corbeau qui trouve ça estra (extra) ouvre tout grand son fouret (bec) lâche ses dix-heures. Le Renard chippe (vole) la tomme et dit:
– Pauvre niolu, méfie-toi toujours des lulus qu’ont la langue bien pendue. Cette leçon vaut bien une fondue!
Le Corbeau dépité, conclut:
– Ch’us tondu, j’ai perdu, plus jamais je s’rai eu!


Le criquet et la fourmi
Le criquet ayant youtsé (faire la fête) tout l’été se trouva tout moindre quand la fricasse  arriva. Pas une seule petite morce (morceau) de couenne ou de greubon (résidu solide du lard fondu) à mettre dans son cassotton (assiette). Il alla faire la meule chez la fourmi, dans sa capite (maison), bien à la chotte,  bringuant pour qu’elle lui avance quelque crotchon (bout d’un pain) pour l’empêcher de crevotter (mourir), de défunter jusqu’au redoux.
– T’as  dû réduire (ranger) quèque chose à crougner (manger). J’veux pas mettre le cheni (désordre) . Ch t’e revaudrait ça lui dit-il, ma fi, avant la mi-été avec un p’tit begnole (bénéfice).
La fourmi est une râpia (radin). Une crible fumée. Alors elle te l’astique:
– Qu’es t’as foutimassé (fait) pendant tout l’été? dit-elle à ce niolu.
– Nuit et jour sur le ruclon, je faisais la rioule (fête) on a pédzer (traîner), et on a poussé une bouellante (chanson) avec les potes. T’inquiète, y’a pas l’feu au lac.
– Ah….. tu t’es royaumé (rien fait), tâdier (idiot)! … et ben… va aux pives mainant! … et continue à youtser (chanter).


Preuve que le patois n’a pas totalement disparu, notamment au niveau de certains termes tirés du patois qui sont encore employés au niveau populaire.

 

Le patois vaudois est la langue indigène du canton de Vaud. Celle que l’on parlait bien avant le français! Il s’est constitué à la suite de la colonisation de notre pays de Vaud par les Celtes, les Latins, les Bernois. Retour sur un pan de l’histoire oublié par beaucoup.

 

Le franco-provençal, langue du Haut Moyen Age, était parlé dans le canton de Vaud jusqu’en 1806, année de son interdiction. L’usage du patois fut donc interdit dans les écoles vaudoises par l’Arrêté du Petit Conseil du canton de Vaud – 26 octobre 1806. La justification de cette interdiction venait du fait que les instituteurs ne comprenaient pas cette langue utilisée par les élèves. Si ces derniers contrevenaient à cette directive, les punitions infligées étaient sévères. Beaucoup venaient d’un milieu rural où ce parler était utilisé. Actuellement, rares sont les personnes qui savent encore le parler. Elles s’appliquent à l’écrire, à le chanter, et puis surtout… à le bavarder entre amis! Avec le temps, des associations se sont constituées, afin que le parler de nos ancêtres ne disparaisse complètement et perpétue une langue qui a été parlée. En voici deux: l’Association vaudoise des Amis du patois: président Pierre Devaud, et l’Amicale des patoisants de Savigny-Forel et environs: président, M. Bernard Martin. Le Sansounet se réunit tous les vendredis à Forel pour chanter en patois. Des cours sont organisés, et des publications rédigées, dont le Conteur. D’autres revues publient régulièrement des contes en patois, comme le «Messager boiteux» ou le «Coterd». A noter qu’avec le patois vaudois, genevois, neuchâtelois, on peut retrouver souvent les même mots, avec le même sens, dans nos patois respectifs.

 

Lorsque le franco-provençal était en vigueur, cette langue était un ensemble des moyens d’expression parlée propre à une communauté. Puis il devient écrit et élitaire. Déjà à l’époque savoyarde de l’histoire du Pays de Vaud, le français devint prestigieux parmi les nobles et les lettrés (Othon de Grandson 1340-1397). Le texte en patois le plus ancien trouvé date de 1719, rédigé par Abraham Dutoit, châtelain de Chavannes-sur-Moudon. Une cloche, à Moudon, où l’on peut lire une inscription à demi en patois et à demi en vieux français, date de 1441.

 

Le patois, on l’appelait «roman» à l’époque, et restait la langue parlée. A la suite de la réforme imposée par l’occupant bernois (1536), le processus s’accéléra parce que la langue d’église et de cour qui était jusqu’alors le latin fut remplacée par le français. Vu les nombreux réfugiés du sud de la France, vraisemblablement occitans (langue d’Oc) ont eu besoin du français pour se faire comprendre. La Révolution Vaudoise qui libéra le Pays de Vaud de la domination bernoise se fit avec l’aide de la France, et c’est pour cela que le prestige de la langue française en fut encore augmenté. Il faut bien comprendre que non seulement les patois ne sont pas du français déformé, mais que le français n’est qu’un patois qui a réussi.

 

Ce qui suit, sont deux fables de Jean de La Fontaine, des plus connues, et apprises dans nos écoles, légèrement remaniées tant par des internautes que par l’auteur de l’article et avec des termes tirés du patois vaudois.

 

L’ ami corbeau et l’ami renard

L’ami Corbeau, sur un arbre ganguillé tenait à plein bec une tomme. C’t ami Renard, le tarin chatouillé lui tint ce discours à la gomme :

– Hé ! salut c’t ami Corbeau, t’es rude joli, t’es même fin beau ! Crénon (non) de sort, si ta batoille (parler) vaut ce plumage qui pendoille (tombe), t’es le tofin (Phénix) des forêts du Jorat.

A ces mots, le Corbeau qui trouve ça estra (extra) ouvre tout grand son fouret (bec) lâche ses dix-heures. Le Renard chippe (vole) la tomme et dit:

– Pauvre niolu, méfie-toi toujours des lulus qu’ont la langue bien pendue. Cette leçon vaut bien une fondue!

Le Corbeau dépité, conclut:

– Ch’us tondu, j’ai perdu, plus jamais je s’rai eu!

 

Le criquet et la fourmi

Le criquet ayant youtsé (faire la fête) tout l’été se trouva tout moindre quand la fricasse arriva. Pas une seule petite morce (morceau) de couenne ou de greubon (résidu solide du lard fondu) à mettre dans son cassotton (assiette). Il alla faire la meule chez la fourmi, dans sa capite (maison), bien à la chotte, bringuant pour qu’elle lui avance quelque crotchon (bout d’un pain) pour l’empêcher de crevotter (mourir), de défunter jusqu’au redoux.

– T’as dû réduire (ranger) quèque chose à crougner (manger). J’veux pas mettre le cheni (désordre) . Ch t’e revaudrait ça lui dit-il, ma fi, avant la mi-été avec un p’tit begnole (bénéfice).

La fourmi est une râpia (radin). Une crible fumée. Alors elle te l’astique:

– Qu’es t’as foutimassé (fait) pendant tout l’été? dit-elle à ce niolu.

– Nuit et jour sur le ruclon, je faisais la rioule (fête) on a pédzer (traîner), et on a poussé une bouellante (chanson) avec les potes. T’inquiète, y’a pas l’feu au lac.

– Ah….. tu t’es royaumé (rien fait), tâdier (idiot)! … et ben… va aux pives mainant! … et continue à youtser (chanter).

 

Preuve que le patois n’a pas totalement disparu, notamment au niveau de certains termes tirés du patois qui sont encore employés au niveau populaire.

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C. Miglio

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