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La tête dans les étoiles

Michel Mayor s’est vu décerner le Prix Nobel de physique 2019 pour sa découverte de la première exoplanète en 1995. Rencontre avec cet astrophysicien dont un collège porte son nom à Aigle depuis 2012.

 

Michel Mayor
Michel Mayor

 

Né à Lausanne, Michel Mayor a passé une partie de son enfance à Aigle, notamment durant ses années de collège. « J’en garde de très bons souvenirs, j’étais fortement engagé au Club Alpin ainsi que dans la société de scoutisme. J’ai gardé beaucoup d’amis de cette époque », se remémore-t-il. Il y est également resté durant ses études au gymnase avant de prendre son envol pour se rapprocher des étoiles. Il a notamment étudié la physique à l’Université de Lausanne, puis l’astrophysique à Genève, université où il est nommé professeur à l’Observatoire de la Faculté des sciences en 1984. À cette époque, ses travaux portent sur les propriétés statistiques des étoiles doubles : une paire d’étoiles qui apparaissent comme proches l’une de l’autre à travers un télescope optique.

 

La rançon de la gloire

En 1993, le spectrographe Elodie (alias super-Coravel) est mis en service sur un télescope en Haute-Provence. Ce dernier permet de mesurer d’infimes oscillations de la vitesse des étoiles. Grâce à cette nouvelle technologie, Michel Mayor et son doctorant d’alors, Didier Queloz, découvrent la première exoplanète : une planète située en dehors du système solaire et qui orbite autour d’une étoile. Nommée 51 Pegasi b, le professeur nous explique : « Durant les siècles passés, il y a eu différentes manières de nommer les étoiles. Nous avons choisi la nomenclature d’un ancien atlas dans lequel notre étoile était la 51e de la constellation de Pégase. Le petit b nous indique que le compagnon détecté n’est pas visible… ce sont des règles de nomenclature standard de l’Union Mondial Astronomique. »

 

Cette découverte extraordinaire ne s’est pas faite en un jour. « Les exoplanètes sont connues pour avoir engendré de fausses alertes. Cette planète tourne autour de l’étoile en seulement quatre jours. C’est très rapide. La Terre met 365 jours et Jupiter met plus de onze ans. Nous avons alors préféré attendre la prochaine saison d’observation, afin de remesurer sa vitesse pour confirmer son existence. » Le 6 octobre 1995, cette découverte est rendue public lors d’une conférence scientifique à Florence. Bien entendu, tous n’y croyaient pas. « Il y avait les sceptiques qui pensaient que ce n’était pas possible qu’une planète tourne en seulement quatre jours autour de son étoile. » La nouvelle a donc fait l’effet d’une bombe dans le milieu des astrophysiciens. À partir de ce moment ce fût une folie médiatique et scientifique. 51 Pegasi b est le point de départ de nombreuses autres découvertes puisque l’on recense aujourd’hui environ 4000 exoplanètes. En fait c’est le début d’un nouveau chapitre de l’astrophysique actuelle.

 

C’est donc plus de vingt ans après que Michel Mayor est récompensé. « Même si le comité Nobel agit dans la plus grande confidentialité, il y a toujours eu une rumeur. J’ai de la chance, car habituellement il faut attendre une trentaine d’années entre la découverte et l’attribution du prix. » Le professeur nous révèle être extrêmement fier d’avoir été le premier à confirmer l’existence d’exoplanètes : « On ne met pas les pieds dans un truc pareil plusieurs fois dans une carrière. » Une carrière ponctuée d’autres bons moments comme le fait d’être associé à la construction de trois instruments qui mesurent la vitesse des étoiles. « Il faut plusieurs années à plus d’une dizaine de personnes travaillant dans des domaines variés pour venir à bout de tels appareils. On ressent une énorme euphorie quand on les met en marche et qu’on voit l’énorme potentiel de ces instruments. »

 

Une retraite active

Bien qu’à la retraite depuis 2007, Michel Mayor enseigne encore en tant que professeur honoraire à l’Université de Genève et reste actif en tant que chercheur à l’Observatoire de Genève. « Je suis également très occupé avec la vulgarisation scientifique. Je donne des conférences pour le grand public comme pour les professionnels. C’est un beau domaine, ce serait dommage de descendre du train maintenant. » Quand on lui demande quels conseils il donnerait aux futurs astrophysiciens, il reste réaliste, mais aussi optimiste : « Comme pour tous les métiers, il faut le faire par envie. Mais il faut aussi être à l’aise en mathématique et en physique. C’est un métier très difficile, mais passionnant. Il faut également être prêt à vivre comme un romanichel – pas très bien payé – avant d’espérer obtenir un poste permanant ; une véritable loterie pour y parvenir. D’ailleurs, nombreux sont ceux à se diriger dans d’autres domaines comme enseignant, informaticien ou mathématicien à l’agence spatiale européenne, etc. »

 

Quelques questions plus personnelles nous apprennent que Michel Mayor aime le cinéma, notamment les films du tiers monde ainsi que lire des biographies de personnes qui ont eu une vie exceptionnelle. Il passe également du temps avec ses petits-enfants avec qui il pratique le ski. Pour conclure, lorsqu’on lui demande quels liens il a gardé avec la commune d’Aigle, il répond : « J’y suis régulièrement revenu, notamment pour rendre visite à mon beau-père, Alfred Pirolet, ancien syndic aujourd’hui décédé. J’ai aussi trouvé sympathique que la commune attribue mon nom à l’un de ses collèges. Ça m’a donné l’occasion de parler aux jeunes élèves de cet établissement à travers des conférences adaptées à leur âge. »

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Article écrit par

Zoé Gallarotti

Zoé Gallarotti

Rédactrice en chef

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