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La Suisse, encore et toujours mauvaise élève en matière de biodiversité

Notre pays avait dix ans pour désigner des sites pour compléter le réseau européen « Émeraude » qui recense les espèces et les habitats protégés à l’échelle du continent. Le bilan affiche un résultat décevant pour la Suisse qui compte seulement 1,6% de surface protégée ; dix fois moins que l’Allemagne, l’Autriche ou la France qui ont sécurisé 13% à 15% de leur territoire.

 

La réserve des Grangettes fait partie du réseau « Émeraude »
La réserve des Grangettes fait partie du réseau « Émeraude »

 

Le réseau « Émeraude »

Il s’agit d’un réseau écologique composé de zones d’intérêt spécial pour la conservation mis en place par les États signataires de la Convention de Berne en 1989. Son rôle : protéger des espèces et des milieux naturels rares et menacés en Europe. La Suisse compte actuellement 37 zones intégrées à ce réseau. Deux d’entre elles se situent dans le Chablais : la réserve des Grangettes et le marécage des Mosses. Initialement, l’ensemble de ces surfaces doit protéger 60% des populations des espèces animales et végétales (espèces Émeraude) et des milieux naturels (habitats Émeraude) listés par le Comité Permanent de la Convention de Berne. Malheureusement, le chiffre atteint en Suisse est de seulement 2% avec 43 « habitats Émeraude » et 140 « espèces Émeraude ».

 

De nombreux pays contribuent au réseau « Émeraude » par le biais de sites « Natura 2000 » : des sites naturels ou semi-naturels de l’Union européenne qui contiennent une faune et une flore exceptionnelles. Ces zones tolèrent une activité humaine. Afin qu’elles soient préservées, cette activité est toutefois réglementée.

 

La Suisse a officiellement reconnu des sites « Émeraude » dans lesquels l’activité humaine est généralement interdite. « Contrairement au Pays de l’Union européenne, la Suisse a privilégié la mise sous protection de milieux naturels comme les tourbières ou les prairies sèches souvent de petites tailles et non de grands ensembles », explique Sarah Pearson Perret, secrétaire romande de Pro Natura, avant d’ajouter : « Bien que protégées, elles sont toutefois influencées par l’activité humaine alentours. Si la Suisse est le deuxième pays qui compte le plus d’espèces menacées en Europe, après la Bosnie, c’est à cause de la petite taille des surfaces protégées qui ne sont pas reliées entre elles et qui se retrouvent isolées et fragilisées. »

 

Une question politique

Une décennie en faveur de la biodiversité : cela n’a pas été suffisant. Environ 40% des espèces animales et végétales sont menacées en Suisse. Ce chiffre grimpe à près de 75% chez les amphibiens et les reptiles. Sur les 37 zones intégrées au réseau « Émeraude », il aurait pu y en avoir nettement plus. « Le pays compte environ 5500 sites naturels dont une partie aurait pu être désignée site Emeraude. Il s’agit d’une question politique. Dans ce sens, la Confédération aurait dû indiquer aux cantons les sites à protéger ; ce qu’elle n’a pas fait. Sans oublier l’influence exercée par les secteurs agricoles et forestiers qui se sentent menacés », précise Sarah Pearson.

 

Selon la secrétaire romande de Pro Natura, la Suisse pourrait toutefois rattraper son retard. « Il faudrait envisager une approche basée sur le dialogue entre les différents acteurs qui met les enjeux biologiques mais également les intérêts économiques du site à désigner en évidence. » Il faut maintenant mettre les bouchées doubles. Le Comité permanent de la Convention de Berne accorde aux États membres un nouveau délai de dix ans pour achever le réseau Émeraude. Gageons que notre pays profitera de ce laps de temps pour faire avancer ce dossier et qu’il arrête de procrastiner.

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Article écrit par

Zoé Gallarotti

Zoé Gallarotti

Rédactrice en chef

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